Cette conférence a été faite à Alters, société de psychanalyse, d'anthropologie et de questionnement sur les ruptures sociales, au sein de laquelle j'inscris mon travail depuis maintenant de nombreuses années.
Un grand merci à Marc Thiberge, qui a la patience de travailler avec moi depuis tout ce temps, et à toutes celles et ceux d'Alters qui participent à cette aventure collective.
Il n'en était pas moins nécessaire, dans le trajet de ce séminaire, que je passe par le détail de la théorisation de cet auteur, et de son confrère Marc Lebailly, avant d'aller plus loin après avoir étudié les positions des freudiens, des lacaniens, des post-lacaniens.
Cela passe par une remise en perpective des théories en question, donc des accords et des désaccords. Qu'il soit bien entendu que tout ceci est largement mis en perpective avec l'accueil qu'Alters fait à mon travail, mais plus largement l'accueil que chacun fait au travail de l'autre dans cette association, dont c'est d'ailleurs un but précis!
La fin de la cure selon Marc Lebailly et Marc Thiberge.

La thèse centrale de Marc Lebailly peut ainsi se résumer : une analyse serait le passage de la croyance en une causalité psychique, par exemple familiale, à l'acceptation d'une étiologie endogène.
Ce passage se marquerait par l'abandon de la plainte familiale, traumatique, et le constat d'une structure de l'appareil psychique, socle inamovible de l'identité. C'est seulement à partir de cette acceptation que l'énergie psychique pourrait quitter l'investissement régressif de la plainte pour se tourner alors nécessairement vers le social.
S'il est une part de réalité dans cette approche, elle vire cependant à la caricature lorsqu'elle est systématique : "bien évidemment, on ne peut pas nier qu’il y ait des abus sexuels commis par des adultes pervers sur des enfants. On ne peut pas nier non plus que ces abus puissent avoir des effets psychologiques ravageant sur l’équilibre psychique de ceux qui en sont les victimes. Mais ces agressions sexuelles inacceptables ne déclenchent pas forcément des névroses de type hystérique. Il faudrait plutôt évoquer l’existence de syndromes aigus post traumatiques. Syndromes aigu post traumatiques qui, s’ils ne sont pas pris en compte sur le moment, peuvent s’enkyster et constituer une souffrance cachée, irréductible, qui perdure et empêche de vivre. Ces évènements traumatiques ne sont susceptibles de déclencher une pathologie névrotique que pour autant ils télescopent une souffrance endogène due à la structuration erronée préexistante de l’appareil psychique. Ce télescopage « précipite » alors (au sens physico-chimique du terme) cette structuration névrotique de l’appareil psychique. Il n’en reste pas moins que cette théorie du traumatisme réel n’en finit pas d’être invoquée comme cause certaine non seulement de l’hystérie mais de tous autres dysfonctionnements psychiques. Et pas seulement dans les gazettes, mais par des médecins (dont les psychiatres), des psychologues, des psychothérapeutes et même parfois par des psychanalystes. Cette théorie doit avoir un côté fascinant (et trouble) pour qu’on lui accorde toujours autant de crédit ! C’est vouloir en tous cas ignorer que le psychisme humain a une aptitude (et une capacité) à métaboliser (et à s’adapter à) tous les évènements et toutes les situations, fussent-ils les plus dramatiques."
 
L’hypothèse extraordinaire proposée ici serait qu’un sujet disposant d’un appareil psychique correctement structuré pourrait résister à une telle désorganisation intrusive, voire à n’importe quelle intrusion, ce qui est tout à fait contraire à tout ce que la clinique nous montre. En outre, elle supposerait une forme de toute puissance à cet appareil psychique « bien constitué » qui nous sort sans doute de la réalité..
Elle bute aussi sur la réalité scientifique. Toute la clinique de l'enfance, de l'hospitalisme aux carences affectives graves, en passant par les traumatismes psychiques graves et répétés, montrent que l'appareil psychique ne peut se développer seul, qu'il a un besoin indispensable de l'interaction avec l'environnement pour se structurer. L'hypothèse ancienne de Chomsky, actuellement abandonnée des linguistes au profit des théories de l'émergence, sur le développement autonome et génétique du langage a fait le lit de ces théories qui exagèrent la capacité d'auto organisation du psychisme. Le langage ne se développe pas au delà des lalalies sans interaction. Le fait qu'il existe une base biologique minimale n'implique pas que son développement et sa structuration le soit..
En outre, même sur le plan biologique, le développement est environnemental, ce que démontre clairement cette nouvelle science qu'est l'épigénétique : 80% du génome est dévolu à ouvrir ou fermer le développement biologique en fonction des variations de l'environnement. Cette part adaptative est donc même plus importante que la part proprement génétique.
Qu'un lobbying parental forcené et efficace pousse les associations de parents à investir la sphère politique pour effacer ces réalité scientifiques pour se déculpabiliser ne doit pas nous indiquer une marche à suivre. Et ce précisément au nom de tous ces autres parents, ces analysants aussi, qui ont le courage de s'interroger, de se remettre en question, qui nous le demandent souvent même, afin d'essayer de faire un peu mieux avec les humains dont nous avons la charge, et auxquels nous faisons toujours à la fois du bien et du mal.. Place à ce courage, donc, car il est productif et porteur d'espoir, et méfions-nous de ces dédouanements massifs qui vont contre le bon sens et la science, même si on peut comprendre qu'ils reposent sur des souffrances bien compréhensibles. Le psychisme est mobile, adaptable, en particulier dans une certaine mesure à l'autre. Ne fuyons pas cette responsabilité aveuglante, même si elle fait parfois un peu mal aux yeux..
 
Une telle théorie en fait organisciste reposera donc sur une définition du transfert très singulière :
"Lors du dernier séminaire, je m’étais autorisé une petite incursion du côté de la conduite de la cure. Il faut dire que je ne regrette pas ce détour. À croire que cela me tenait à cœur. Cela a sans doute à voir avec l’inquiétude qui me prend dans la conduite des cures dites didactiques et dans les contrôles, de transmettre quelque chose qui permette aux impétrants de tenir une position réellement psychanalytique (désirante au sens où je le soutiens). En effet, outre de préciser que le cadre de la cure est un protocole, j’avais divergé sur la problématique du transfert (et du contre transfert) pour tenter de réfuter les théories freudo-lacaniennes s’articulant autour de la répétition et de la fonction d’écran projectif du psychanalyste, processus de « réimpression », comme le dit Freud, de réactualisation des conflits infantiles dans la cure. J’avais, à cette occasion, parlé « d’acting out-in ». J’avais opposé la rencontre subjective de lien social à la relation moïque d’objet projective et mortifère dans le cas de ces « ré impressions ». C‘est parce qu’il y a une rencontre subjective de lien social entre le psychanalyste et le psychanalysant qu’elle s’inscrit dans le temps toujours présent maintenant qui l’abstrait de la tyrannie du temps chronologique et de la durée. Suspension nécessaire, paradoxalement, à la déclinaison des régressions dans un temps suspendu. Temps suspendu qui élude la tyrannie du temps social chronologique dont nos sociétés capitalistes ont fait l’étalon de la valeur économique (temps = argent). Je précisais que cette rencontre subjective s’articulait du côté du registre du désir comme assomption et dépassement de « la détresse du vivre ». Détresse du vivre qui signe le premier évènement psychique catastrophique (pourrait-on dire métaphoriquement au sens de Thom) sous les espèces de l’émergence du sujet. Instance issue de la nécessité de prendre acte psychiquement des impératifs de l’organisme comme vivant. Cette catastrophe est à l’origine de la constitution d’un dehors et d’un dedans. Plus tard la colonisation de cet organisme, par les effets de langue, constituera le « corps » support imaginaire de la fonction moïque. Cette incursion du côté du transfert (mais peut-être faudrait-il nommer autrement cette rencontre subjective désirante qui noue l’acte psychanalytique d’un lien social expérimental fondé sur le désir inconscient) m’avait permis de réaffirmer la différence entre ce qu’il en est du désir an-objectal de présence au monde atemporel et des envies qui procèdent à la mise en place de la relation d’objet. Reste que sans doute je n’avais pas eu l’occasion d’être assez précis sur ce que je mets sous le concept « d’envie »."
 
Il faut ici noter une contradiction qui vient tempérer bien malgré l'auteur l'opposition entre dimensions moïques et désirantes : la colonisation de l'organisme par les effets de langue origine en effet ces deux dimensions d'un point parfaitement superposable.. C'est en repartant de cet endroit que Marc Lebailly aurait pu découvrir la technique du transfert!
 
Sa théorie du transfert, à défaut, repose sur une construction de l'appareil psychique particulière, ainsi résumée : Or tout porte à penser que répétition et transfert ne sont pas deux phénomènes complémentaires ou même corrélés. Vous y croyez-vous, sincèrement, que la théorie infinie des déplacements régressifs suffit à justifier et vectoriser une cure de telle sorte qu’elle perdure, comme en temps suspendu, de si nombreuses années ? Il faut bien que quelque chose d’autre que la condamnation à la répétition permette que, du point de vue de l’inconscient (et non pas du préconscient), un nouage atteste du transfert. Et l’alibi d’une incarnation par le psychanalyste du grand Autre supposé savoir ne tient pas. Il n’y a rien de plus facilement destituable qu’un prétendu grand Autre. Demandez à l’hystérie !
C’est devant ce constat qu’il faut entendre l’intuition freudienne. : il affirmait qu’au-delà de la relation d’objet et la répétition de ses avatars, ce qui noue le transfert entre le psychanalysant et le psychanalyste serait une « relation d’inconscient à inconscient ». Lacan, à une certaine période, avait reformulé cette assertion en évoquant une possible relation « d’inter subjectivité vraie ». Si on s’en tient au postulat d’un sujet comme inconscient, c’est bien une reformulation de l’affirmation freudienne. Il faut donc admettre que ces deux formulations contredisent et disqualifient la thèse d’un transfert en tant que déterminé par les métamorphoses mortifères de la relation d’objet moïque. Bien évidemment il n’y a pas de relation, ni a fortiori, de dialogue des inconscients ! Reste qu’à ce moment inaugural qui signe l’entrée en psychanalyse, tout se passe comme s’il y avait, dans l’éphémère d’une rencontre improbable, mise en présence de deux subjectivités réputées inconscientes. Rencontre qui signifie la reconnaissance réciproque de l’exigence du vivre obligée par la nature de tout organisme vivant. Cette rencontre que je qualifie paradoxalement de lien social parce qu’un « lien » habituellement suppose qu’il s’ensuive une relation et des investissements réciproques. Or dans le lien social, qui structure la position du psychanalyste, il n’y a aucun échange, aucun investissement, aucune attente. C’est un oxymoron. Le psychanalyste se dérobe comme objet pour le psychanalysant ; le psychanalyste n’est pas un objet pour le psychanalysant. Cette rencontre est, par effet de structure, asymétrique puisque ce dont atteste le psychanalysant à travers les symptômes exhibés et les modalités de leur expression, c’est cette détresse de vivre dont jamais il n’est revenu depuis le temps immémorial où il l’éprouva, dans l’apparente jubilation des éprouvés vocaliques toujours prématurée. Les symptômes, et les souffrances qu’ils lui infligent, ne sont que les truchements qui se substituent à l’énonciation indicible de cette détresse. Détresse de vivre à laquelle le psychanalyste oppose l’imperturbable de son désir intransitif d’être une présence toujours présente maintenant en un continuo ostinato infrangible. Manière d’indifférence engagée. Tenir cette position désirante du côté du psychanalyste préfigure qu’il y a un au-delà de la détresse du vivre que la dénaturation nous impose dans l’éprouvé psychique du biologique comme vivant. Détresse qui trouve sa résolution par l’accès à cette fonction désirante intransitive où le sujet s’exile au-delà des envies fomentées par le moi. Et lui oppose une fin de non-recevoir.
C’est dire que je ne pense pas que le transfert se noue dans un malentendu comme le laisse supposer la position lacanienne. Que super structurellement le psychanalyste soit investi imaginairement d’être un supposé savoir n’est guère déterminant. C’est une croyance sans doute incontournable pour tout psychanalysant ; que cette croyance détermine et organise la dynamique de la cure, c’est tout à fait exclu. Des supposés savoirs en position de grand Autre incarnant je ne sais quels phallus auxquels on soumet des plaintes douloureuse et de qui on attend je ne sais quel soulagement, il y en a des kyrielles ! Vous me direz que ces praticiens ne savent pas qu’ils le sont alors que le psychanalyste lui est supposé savoir qu’il ne l’est pas (il est censé ne pas y croire). Cela ne change rien  : cette croyance déclenche effectivement des répétitions morbides par déplacement. Elle ne noue pas la trame du transfert. Le transfert – la dynamique du transfert – consiste dans la certitude du psychanalysant de s’adresser comme sujet en souffrance à une autre sujet comme désirant. Cette certitude demeure intangible durant toute la cure. Une croyance, elle, peut toujours être destituée par une autre croyance. Une croyance chasse l’autre. C’est d’ailleurs cette dynamique de destitution de la concaténation des croyances qui est à l’œuvre dans la cure. Une certitude est inexpugnable et permet la suspension du temps chronologique : sans cette certitude pas de psychanalyse. Seulement des psychothérapies affublées illégitimement du nom de psychanalyse. C’est donc cette conception du transfert qui permet d’affirmer que l’acte psychanalytique peut être tenu dès lors que la fonction subjective s’active chez l’enfant.
Vous vous souvenez peut-être que je situe l’apparition de cette aptitude à la certitude au moment où se met en place la capacité langagière pré syntaxique et qu’elle signe l’avènement de la fonction symbolique. La seule certitude qui arrime le psychanalysant à la psychanalyse, c’est que cette présence au monde intransitive peut advenir hors souffrance psychique. Et qu’il est possible de subvertir la détresse du vivre à laquelle l’organisme nous contraint. Cela les enfants, dès la phase vocalique, le perçoivent intensément. Dès lors que cette présence au monde subjective, péremptoire, s’impose à eux. Comme je l’ai rappelé antérieurement, cette urgence est telle qu’elle permet au psychanalysant de s’inscrire comme naturellement dans l’atemporalité de l’acte psychanalytique. L’intuition lacanienne concernant le sujet de l’inconscient comme produit par la chaîne vocalique (un signifiant représentant le sujet pour un autre signifiant) est essentielle. Maintenir que le désir inconscient est la modalité d’animation de la chaîne des signifiants est d’une cohérence parfaite. Ce qui dysfonctionne dans cette élaboration, c’est de tenter de concilier cette novation théorique avec la théorie du désir telle que Freud l’avait proposée du temps où il croyait toujours à la réalité de la pulsion sexuelle psychique : le désir à la recherche éperdue d’une satisfaction objectale. Partant « l’algorithme », le pseudo algorithme lacanien $ ◊ a, est lui aussi disqualifié : la cause du désir inconscient qui institue le sujet n’est pas l’objet « a » sauf à considérer qu’un signifiant quel qu’il soit (qui représente le sujet pour un autre signifiant), pourrait être le représentant de l’objet petit « a ». Ce qui est tout à fait improbable. Il faut donc là aussi considérer l’objet petit « a » comme un mythème qui vient disqualifier une théorie du sujet et du désir qui aurait pu se démarquer radicalement du fonctionnement objectal de l’instance moïque. Cette élaboration maintient la confusion entre jouissance subjective et plaisir moïque.
Le modèle de structuration de l’appareil psychique que je propose, permet de pallier cette errance théorique si on s’avise de considérer que ce qui noue le transfert est tout uniment aux antipodes d’une relation d’objet. Comme je vous l’ai indiqué précédemment, ce qui noue le transfert c’est à proprement parler une « déliaison » originelle, en ce sens qu’entre le psychanalysant (quel que soit son âge) et le psychanalyste, il s’inaugure d’une absence de relation. A son corps défendant, pourrait-on dire, dans les entretiens préliminaires, le psychanalyste se présente dans une position radicalement subjective, c’est-à-dire dans l’intransitivité assumée qui assure au futur psychanalysant qu’il n’est pas considéré comme une personne sociale ni comme un objet de soin mais comme un sujet resté en souffrance dans le procès de dénaturation langagier. Cette position, dans le cas d’analyse avec des adultes, se trouvera confirmée par le protocole de la cure.
À postuler que la fonction subjective est antécédente à l’apparition du signifiant, puisqu’elle émerge de la vocalisation phonématique comme prenant acte de l’organisation biologique, on peut alors situer la jouissance comme résultat de cette tension « intransitive / an objectal » qui atteste du vivre individué. Le désir inconscient est cette tension intransitive qui suscite et prend en charge la détresse du vivre comme éprouvée. Scandaleusement. Il faut donc, dans cette perspective, considérer que la fonction moïque est indépendante de la fonction subjective. Le moi n’est mu par aucun désir mais par des envies qui structurent la relation objectale au monde et aux autres. Envies issues de la transformation de l’agressivité destructive, par le déclenchement de l’aptitude à symboliser, en agressivité captatrice. L’individia est mère de toutes les envies. Transformation qui signe à jamais le caractère incontournable d’ambivalence des envies. Envies versus désir dis-je : les unes maître et tyran de la satisfaction (ou de l’insatisfaction) sous l’égide d’une agressivité destructive / captatrice indissolublement intriquée (essence de l’amour dit-on), l’autres tributaire d’une tension psychique, en continuo ostinato, attestant d’une présence au monde irrépressible sans cause ni raison : à vide pourrait-on dire. La passion en est la manifestation cruciale qui met hors scène l’incongruité du conjointement sexuel pour le faire advenir comme acte où deux sujets se rencontrent dans la certitude que ni l’un ni l’autre n’est un semblable pour l’autre ; c’est-à-dire où aucun des protagonistes n’apparaît comme objet pour l’autre. Expérience charnelle extrême de lien social, hors ambivalence ni risque d’insatisfaction ; hors histoire aussi ! Car tout aussi bien, alors, cet acte ne s’inscrit pas dans le dispositif moïque du plaisir et de l’ambivalence, mais dans celui univoque et aride de la jouissance subjective. Il faut bien dire que ce n’est guère courant, surtout à notre époque consommatoire régie par le seul principe de plaisir ! Clivage donc essentiel à la compréhension de la structuration et du fonctionnement de l’appareil psychique : instance subjective versus instances moïques ; désir versus envies ; jouissance versus plaisir.
Mais bien évidemment ce n’est pas la seule raison qui me fait aujourd’hui aborder la question de la nature du transfert. De fait la vraie raison est ailleurs. Vous savez peut-être que lorsque je me suis décidé à écrire, j’avais l’intention (l’ambition ?) de produire une trilogie : le premier ouvrage devait permettre de dégager les principes théoriques nécessaires à fonder une nouvelle métapsychologie. À certains égards on peut considérer que c’est fait. Le deuxième ouvrage devait être consacré à la clinique qui découle de cette nouvelle métapsychologie. On peut considérer que ce séminaire constitue les prolégomènes de ce deuxième ouvrage. Il y a des chances que cela aboutisse. Encore qu’il faille ne jurer de rien ! Aujourd’hui, j’ai la conviction que je ne m’attellerai pas au troisième qui aurait dû traiter de la cure : une sorte « d’écrits techniques ». Ce renoncement anticipé ne va pas sans un certain regret.
 
Sans doute est-il possible de poser qu'il est naturel que la théorisation ici proposée aboutisse à une impasse. (Encore une fois, merci à ces auteurs qui explorent des voies, s'exposent, et permettent ainsi à d'autres d'avancer, sur d'autres voies.. La critique est une des modalités de l'invention..)
Quelle est cette impasse? Marc Lebailly constate, à ses dépends, qu'elle serait du côté de sa technique de la psychanalyse, ouvrage manquant dans son travail, et qui continuera à faire défaut, dit-il.
En effet, l'ossature de sa théorisation est que la fonction intransitive désirante, à laquelle l'infans accède lors des vocalisations, est sans cesse représentée par l'analyste, censé en être là, jusqu'à ce que s'épuisent les souffrances et plaisirs du moi du patient, ou plutôt des mois, sorte de poupées gigognes. C'est donc un procédé de présence à l'autre particulière, asymétrique, sorte d'indifférence au symptôme d'un analyste lui-même engagé dans le désir. Ce procédé va durer jusqu'à ce que le patient s'identifie à ce désir que vise l'analyste. Notons que cette identification à l'analyste, même si elle est d'une nature particulière, réitère l'impasse que nous avions repérée chez les freudiens et les lacaniens.
Dès lors, le transfert, qui n'intéresse que les objets successivement projeté du moi, est précisément ce qu'il évite de travailler, pour rester assidûment du côté du désir.
On comprend qu'on ne puisse élaborer un ouvrage sur la technique de l'analyse à partir d'une position aussi épurée, d'une part, et surtout, d'autre part, tout le système s'effondre si on explore ce point précis et qu'il s'avère faux..
En résumé, la théorie de Marc Le Bailly fait l'impasse sur le profond lien clinique entre le processus narcissique et la technique transférentielle, pour proposer la fin de l'analyse au moment même de son commencement.. On comprend que l'ouvrage sur cette technique particulière vienne à manquer, puisque la posture même de l'analyste, selon lui,  est d'échapper à toute technique transférentielle.
 
Mais revenons au point de départ de cette théorisation dont je pense qu'il est faux : à savoir l'entrée dans la symbolisation au moment des lalalies, moment auquel il faudrait constamment revenir pour repositionner l'énergie psychique au niveau du désir langagier, donc social, loin des envies d'objets et du plaisir de capture, apanages du moi.
C'est que tout simplement, l'opposition ainsi posée entre ces deux instances décrit une dissociation radicale qui n'a rien à voir avec leur articulation nécessaire.
En fait dans cette théorie, le symbolique est complètement séparé du sensible, ouvrant une dissociation radicale si on reste complètement du côté du sensible, une monologie bien enclose si on part du côté du symbolique.
Si au contraire, on a constamment le soucis de la façon dont le corps se relie à l'appareil conceptuel, même si leur lien est bien souvent hétérologue, on va pouvoir entre dans une clinique du sujet où le processus narcissique, loin de s'opposer au désir, s'y articule sans cesse, en synergie ou en antagonisme. Une clinique transférentielle devient alors possible, qui ne s'oppose pas à la question de l'émergence du désir. Et une technique de la cure devient possible, en place de ce concept un peu flou de  "rencontre subjective de lien social entre le psychanalyste et le psychanalysant".
Mais, surtout, le contre-transfert n'est plus à évacuer, l'identification à l'analyste ou à une quelconque position désirante chez lui ne sont plus nécessaires : le travail clinique devient un patient détricotage des positions narcissiques et désirantes du patient lui-même! Nul besoin du désir de l'analyste en exemple dans la rencontre analytique.
Désir et narcissisme ne s'opposent pas, ils sont en position hétérologues, ce qui est tout autre chose!
Ce n'est pas un hasard si la dimension de l'objet transitionnel est absente d'une telle théorisation : c'est que la fonction précise de cet objet est d'articuler les instance moïque et désirante, créant un espace d'invention de parole là où désir au sens langagier et envie se croisent, se confrontent et produisent donc. Ce n'est pas un hasard si cet objet apparait au moment où le bébé commence à être de langage, ce qu'il inaugure bien avant le premier mot prononcé, quand il commence à comprendre les mots qui lui sont adressés, à entrer dans cette dimension langagière c'est à dire vers 4 ou 5 mois.
Le dernier travail en ma possession de Marc Lebailly concerne précisément la schizophrénie, comme s'il revenait, au fond à juste titre, sur le point d'origine de sa théorisation qui fait là énigme..
 
 
Le travail de Marc Thiberge prend plus acte du travail sur le transfert, certes en parlant de la psychose : c'est la reprise du processus de développement de l'appareil psychique là où ll a été arrêté. Le transfert n'est pas que l'affaire du patient, le psychanalyste est personnellement engagé dans une histoire dont l'enjeu n'est plus la production d'une vérité, mais celle de la production de nouvelles expériences affectives par le patient et d'une mise en suspens des certitudes au cœur de sa vie pour le psychanalyste.  Argument pour le séminaire du 19 avril 2014..
C'est tout ce que j'ai trouvé concernant la technique transférentielle proprement dite. C'est déjà plus que dans le travail de l'auteur précédent. Il nomme cependant un élément bien important, qui sera à reprendre dans les travaux suivants : la reprise du processus de développement de l'appareil psychique. Il n'est pas certain que cela ne concerne que la question des traits psychotiques..
Notons aussi au passage que cette idée est contradictoire avec l'hypothèse de trouble inné de la structuration de l'appareil psychique.. Mais les contradictions sont toujours précieuses pour le cheminement de la pensée!!!
 
Les théories psychanalytiques sont en effet conjoncturelles, mais posent la question de la nature du ou plutôt des transferts en jeu entre humains, exemplarisés par la question de la psychanalyse.
Si la psychanalyse est intransmissible, base, commencement et condition de possibilité de notre travail, comme toute transmission qui n'est pas transfert de savoir ou d'héritage, le transfert dans un premier temps est bien ce qui empêche de penser et d'accéder à ce que sa vie a de singulier.Argumentaire pour le séminaire du 24 mai 2014
 
La question posée là est de situer le transfert comme obstacle au désir. On entend bien l'obstacle ici contourné : on ne saurait se satisfaire d'une simple identification à l'analyste, qui est le fonctionnement dévoyé de bien des analyses de tout bord, à partir de failles narcissiques englouties dans le désir d'être analyste...
Mais on en voit aussi la limite à poser trop vite cet évitement comme l'exclusif positionnement de l'analyste : si le transfert à à voir avec le développement de l'appareil psychique, sans doute vaut-il de s'y attarder quelque peu. Il n'est certain que le désir, au sens développé dans cette théorisation, puisse se développer sans un appareil psychique fonctionnel!
 
La modélisation proposée dans l´association A.L.T.E.R.S (Association lieu de transmission et d´élaboration des ruptures sociales) en déduit des conséquences radicales : l´appareil psychique n´est pas structuré à partir de l´interdit de l´inceste. Si la prohibition de l’inceste organise la vie sociale des cultures bien au-delà des cultures indo-européennes, elle a la structuration d´une mythologie qui règle la circulation des hommes et des femmes et assure alliance et descendance... Que cette mythologie rencontre une logique binaire de la réalité psychique préconsciente de ce qui doit être prescrit ou interdit,  justi?e certaines alliances sexuelles, toujours arbitraires mais rationnalisées après coup.
L´appareil psychique devient un organe virtuel d’information, nécessaire à une régulation des instances biologiques, psychiques et sociales. L'inconscient et le conscient sont radicalement séparés.
Dans ce contexte d’énoncé, les institutions sociales se réduisent à une seule institution proprement humaine, à savoir la langue, sous ses deux aspects de culture et de langage articulé. Cette langue échappe à ceux qui par leur parole l´ont produite et s'impose avec sa consistance culturelle, comme structure symbolique. Du familial au social, juin 2013, bulletin 12
 
Il faut ici bien comprendre ce qui est là posé : si sexuel et familial sont évacués du champ de l'analyse, au profit d'un désir inscrit dans le lien social par le biais d'une parole inventive, la décorporation ainsi proposée évacue du même coup la problématique incestueuse. Et aussi en passant la figure du père, comme c'est souvent effectivement répété. Le problème qui se pose alors avec un risque d'insistance est justement le corps! Évacué, il risque d'en devenir d'autant plus encombrant.
Pourtant, je suis d'accord pour poser que le transfert est un obstacle. Mais un drôle d'obstacle, qui fait office de but pour beaucoup, d'autant plus inévitable qu'on pense l'avoir dépassé, générant alors des effets de groupe à n'en plus finir, des désirs identificatoires camouflés sous le désir d'être analyste. Il faut certes avancer autrement dans ce problème, sans verser dans l'identification massive des freudiens, ni dans la désidentification radicale du désêtre, mais peut-être pas non plus dans l'évitement du problème comme semblent le proposer Lebailly et Thiberge. Il est peut-être une autre voie explorable. Elle sera plutôt du côté de l'évolution de ce transfert, ce qui amènera à en proposer plusieurs états et donc plusieurs fonctions différentes, dont une au final, sans doute sur le mode des théories de l'émergence, qui autorise peut-être le désir.. Et le lien social.
Mais continuons
Pour ce qui en est maintenant de l´appareil psychique - évidemment ça va un petit peu vite tout ça - on va parler de l´intention agressive. C´est quand même ça qui fait que l’humaine condition avance ou explose. L'intention agressive du côté de l´appareil psychique, à l'encontre de la dislocation, a pour but de défendre l´appareil psychique contre les agressions que les mauvais objets en provenance des pulsions partielles sont censés déclencher contre lui.
C'est vraiment un raccourci, c’est évidemment très kleinien comme façon de poser les choses. C'est l´idée que quand un petit enfant naît, à la naissance, il est pris par quelque chose qui le pousse au morcellement, à la destruction, et que petit à petit il va mettre en place une forme d'agression dirigée contre des pseudos objets, avant de pouvoir en faire le deuil qui va lui permettre justement de vivre. Donc, l'agression sert dans les deux sens, des deux côtés. Cette intention agressive a donc un «  sens ›› qui est fondamentalement de ne pas s'anéantir.
Cette agressivité à la fois dislocatrice et défensive est l´essence même de la subjectivité. Être au monde et le demeurer, intention irréductible d´être là, rendue possible par le truchement d'une agressivité meurtrière. Donc on pourrait dire le sujet, comme instance d´être au monde, (l´individu, le sujet, ça dépend pour qui) et le désir comme intentionnalité, irréductible, indestructible, féroce pourrait-on dire. Il y a donc beaucoup de férocité dans le désir.
Le ressort de la cure n´est plus les avatars du moi et du narcissisme, mais les processus et les ratés de la subjectivation dans ses rapports à la férocité du désir comme indestructible. Les tribulations du moi ne sont que les symptômes des carences de la position subjective, processus de subjectivation, à travers trois phases et qui sont en même temps trois meurtres que sont : le complexe du sevrage, le complexe fraternel et le complexe d’CEdipe
Donc, complexe du sevrage qui ?nalement aboutit au meurtre de l’objet en tant que tel, le complexe fraternel qui aboutit un peu au meurtre de l´autre et entre le complexe fratemel et le complexe d´CEdipe se situe l’épreuve du miroir où se métaphorise la ?gure du grand Autre butée à son irrépressible intentionnalité agressive à travers la ?gure hégélienne du maître absolu, dévolue, probablement bien à tort, mais c´est comme ça, au père imaginaire, imaginairement. Mais dans un familialisme galopant, on l´a attribué au père.
 
 
 
Je vais prendre deux exemples, dans les religions du Livre et en particulier la religion juive où il n´y a que de la jouissance usufruitière. La terre est à Dieu, l´homme en est simple usufruitier. Tous les cinquante ans, c'est-à-dire au moment du jubilé (vous vous souvenez, ça vous rappelle des choses, le jubilé ?), tous les cinquante ans, il est spécifié dans le Lévitique, au chapitre 25 versets l à 35, que puisque les terres sont à Dieu, elles doivent être redistribuées. Sous cet angle, Israël, c'est d´abord un territoire culturel déterminé par une conception théologique, un espace avant tout psychique, pas un territoire concret. Dans la même idée, le rapport à la pauvreté dans la religion catholique symbolise l´aspect illusoire et imaginaire de toute propriété. Vous trouvez ça dans l´Ecclésiaste : << Vanité des vanités, tout est vanité ››. Alors, ça c´est côté réalité sociale pour l'objet.
 
Côté réalité psychique, la jouissance usufruitière concerne le désir inconscient et la chaine signifiante. Donc, la jouissance résulte de la tension psychique que produit un signi?ant quand il représente le désir sans donner accès à la satisfaction. C’est pour ça qu´i1 concerne le sujet. Cette tension de jouissance traduit non seulement l´impossibilité d´un accès immédiat à l´objet désiré, mais surtout l'assujettissement du désir aux lois du langage, ainsi que l'interdit que ces lois provoquent comme phénomène qui met en tension le sujet dans le vif, de ce qu’il vise et qui anticipe le ressenti qu'il en attend, infiniment en suspens, à partir d´un objet qui lui sert de support, mais qui n'est pas celui qui pourrait lui apporter une pure satisfaction (ça demanderait bien évidemment un peu de développement).
Le désir du psychanalyste maintenant aurait à voir avec l´addiction à faire advenir le manque non plus comme souffrance psychique insupportable, mais comme origine du symbolique et de l´humanisation. Faire advenir au lieu du manque, au lieu du vide peut-être, non pas l'insatisfaction dont se nourrit l’hystérie, non pas la jouissance sans ?n de l´obsession ni 1’angoisse insupportable de la névrose d'angoisse, mais la genèse et l’actualisation du symbolique dont la carence met le sujet en souffrance. Car si cette prégnance symbolique ne s'´inscrit pas dans une véritable autonomie, alors il n'y aura nulle barrière au déferlement de l´imaginaire paranoïde. C'est-à-dire que notre seule barrière au déferlement de l´imaginaire paranoïde c´est tout de même d´exister dans le symbolique."La transmission intransitive, bulletin nº5
 
C'est important ce passage, car il montre une contradiction fort féconde à mon avis. La subjectivité est-elle l'entrée dans l'univers langagier, comme cela a été souvent répété par ces deux auteurs, ou est-elle liée, comme c'est ici proposé, à ce que "cette agressivité à la fois dislocatrice et défensive est l´essence même de la subjectivité"? Deux subjectivités différentes sont proposées, en fait tout à fait opposées. Il n'y a que dans la confusion que chacun avance, ce que permet plus la pensée de Marc Thiberge que de l'auteur précédent, beaucoup plus claire et carrée, donc peut-être un peu bloquée..
Si on y réfléchit, cette hésitation est parfaitement parallèle à l'hésitation concernant le transfert : il n'est pas certain que la subjectivité puisse se passer du corps, pas plus qu'on ne pourrait, du coup, se débarrasser totalement du transfert...
"Et puis aussi- et c´est pas mal comme raison d´être, même si c´est addictif le désir du psychanalyste - le désir du psychanalyste a maille à partir avec les méprises du sens. J 'aborde là une question sur laquelle il y a vraiment un parti à prendre. Donc, le désir du psychanalyste a maille à partir avec les méprises du sens, non pas pour faire émerger un sens correct, comme naïvement certains n'en finissent pas de s'illusionner (prenons comme exemple de cette position << Les mots pour le dire ››), il ne s'agit pas de. faire émerger un sens vrai mais d'en opérer la déprise, la déprise de sens, et de faire advenir un sujet débarrasse du sens. Mettre hors sens pour pouvoir exister."
 
Voilà qui dessine finalement la fonction du transfert chez Marc Thiberge, opérer la déprise du sens. Un sujet aurait à se déprendre radicalement du sens pour exister.
 
Ce n'est pas, il faut le dire, ce à quoi nous assistons chez les psychanalystes. Faire sens de tout et de n'importe quoi, leur sert de fond de commerce, (je dis leur, c'est un peu vache, pourquoi pas nous ? Non !) comme si le courage des médecins athées du XIXéme siécle qui affirmaient leur matérialisme en abandonnant toute croyance en l'exception humaine dans l'univers avait abandonné les psychanalystes contemporains ;  d'ailleurs peut-être Lacan était-il d'abord médecin philosophe de l'âme, encore que si cette position reste éthique, on peut craindre que d'autres la rabaissent à une morale adaptative, pas même digne du christianisme.
N'entendons-nous pas aujourd'hui des psychanalystes archéo-lacaniens affirmer que la fin d'une psychanalyse consiste à savoir reconnaitre ses comportements névrotiques pour pouvoir faire avec, dans la conduite existentielle de sa vie quotidienne ? Où serait alors la différence de finalité entre n'importe quelle psychothérapie et la psychanalyse ? N'auraient-ils jamais entendu parler du lien social débarrassé de tout effet de groupe et du sans recours qui signe l'humaine condition quand le sujet est passé par l'épreuve de l'avènement du symbolique, travers la traversée de l'invidia et l'horreur paranoïde de la séparation, de la souffrance blanche qui émerge quand le non symbolisable s'avére réel. Assigner à la psychanalyse une finalité aussi triviale revient à situer la psychanalyse au niveau du développement personnel dont par ailleurs un certain nombre de psychanalystes se gaussent.
 
 
Aussi longtemps que l'analysant croit à nos interprétations, il y encore du travail. Certes, il y a le corpus des textes, mais son existence ne fait qu'aggraver la situation : il faut penser et lire. Les écrits de Freud sont énigmatiques et contradictoires (cf. Les deux topiques)- Une technique est un code pratiquement complet de prescriptions positives de ce qui est a faire et à ne pas faire, concourant  à un résultat dont la probabilité tend vers un : une telle technique n'existe pas en psychanalyse. Cette non-assurance théorique et pratique, dans une culture de la machine algorithmique, face au désir ineffable, conduit le plus souvent les psychanalystes à s'adjoindre la prothese du dogme codifié et de l'administration de la transmission de la psychanalyse par des instituions bureaucratisées où la relation à la maîtrise et au pouvoir, qu'on soit « maître » ou « disciple », verrouille la pensée.
Mais contrairement à ce que dit Roustang, je pense qu'on devient élève ou maître pour ne pas avoir à assumer l'incapacité d'assumer une position de psychanalyste.
Ce destin funeste est-il obligé ?
La question du sens va subir les mêmes distorsions que précédemment dans cette théorie. En effet, si la subjectivité doit se passer du corps, du transfert, le sens lui aussi disparaît.. Qu'on s'entende bien, je suis profondément d'accord avec le fait qu'un excès de sens est fort délétère, puisque qu'il ouvre alors quasiment exclusivement l'univers projectif, mortifère lorsqu'il est dominant. Mais je proposerais plutôt dans la suite un processus de transmutation du sens, évoluant vers la prise en compte d'un désir indestructible et indéterminé, donc un sens à inventer, plutôt qu'un sens déjà écrit, un sens actif plutôt qu'un sens passif, imposé au sujet.
C'est en tout cas en raison de ce problème majeur que je souscris complètement à ce que Marc Thiberge formule ainsi : "Aussi longtemps que l'analysant croit à nos interprétations, il y encore du travail"
 
 
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